Grâce à des technologies plus modernes, Capcom et le directeur du jeu Hideaki Itsuno ont ainsi pu donner vraiment corps à leur vision originale. À savoir une aventure très grand format dans un monde ouvert médiéval-fantastique incroyablement cohérent, aux côtés de nos inestimables Pions, des compagnons contrôlés par l’IA uniques à bien des égards dans la sphère vidéoludique. Et force est de constater que cette deuxième itération est un chef d’œuvre sur quasiment tous les points, qui rend majestueusement justice au premier opus. Préparez donc votre paquetage, attrapez ce qui vous passe sous la main, on vous emmène avec nous dans la véritable épopée qu’est notre test de Dragon’s Dogma 2 après une soixantaine d’heures de jeu (et autant de plaisir) !

L’aventure, la vraie !

Notre odyssée hors du commun débute de la manière la plus héroïque possible… en prison, sans souvenir de comment nous nous sommes retrouvés dans ce guêpier. C’est là que nous pouvons créer notre personnage via un outil extrêmement complet dont on vous a déjà vanté les nombreux mérites. Une entrée en matière qui nous a immédiatement évoqué celle de The Elder Scrolls 4: Oblivion, non sans une douce nostalgie. Nous voici donc traités comme un moins que rien. Mais notre calvaire prend rapidement fin et nous parvenons à nous enfuir avec un illustre inconnu qui s’adresse à nous par le titre d’Insurgé.

Dragon's Dogma 2 Créateur Perso
Une aventure proprement légendaire attend notre Voleuse. © Geralt de Reeves

Cela signifie que notre personnage a été marqué par un très ancien et terriblement puissant dragon, auquel nous avons été lié alors qu’il nous a arraché et dévoré le cœur. Ceci nous a octroyé des pouvoirs à nul autre pareil, ainsi qu’un lourd fardeau. L’Insurgé est en effet le seul capable de terrasser ce dragon qui domine le monde de son dogme (la voilà, l’origine du titre du jeu !). Notre objectif est donc double : recouvrer la mémoire, et devenir suffisamment puissant pour affronter notre destin draconique. Pour une majeure partie du jeu, sans trop entrer dans les détails, l’histoire se résume à cela. Mais s’arrêter à cette apparente faiblesse scénaristique serait bien dommage, tant Dragon’s Dogma 2 brille sur son aspect le plus essentiel : une aventure proprement passionnante à vivre. Après tout, ne dit-on pas que ce n’est pas la destination qui importe, mais le voyage ?

Par l'ingestion de notre cœur, le dragon a lié notre destin d'Insurgé au sien. © Geralt de Reeves

Après avoir échappé à nos geôliers, cette maxime prend directement tout son sens. Nous nous retrouvons perdu au milieu de nulle part, sans aucun repère. Nous faisons ainsi nos premiers pas émerveillés dans le vaste monde ouvert du jeu avec un exaltant sentiment de liberté, notre seul « marqueur de quête » n’étant que notre propre curiosité. S’agissant de l’exploration, on retrouve l’appel irrésistible de la découverte des grands noms du genre comme Skyrim, ou plus récemment Elden Ring. On a envie d’explorer les moindres recoins de la carte, on se demande ce qui se cache derrière la colline au loin et… oh, une grotte ! Pas à pas, nous écrivons avec délice notre propre aventure, avec ses récompenses… et ses embûches. Ladite grotte cachait bien d’excitants trésors, mais aussi deux redoutables boss qui n’ont fait qu’une bouchée de notre pauvre personnage en guenilles. Nous reviendrons plus tard sur les combats (spoiler : on a beaucoup d’éloges à leur égard), et ferons chèrement payer ces monstres qui nous ont de prime abord pris pour leur goûter.

Dragon’s Dogma 2, ton superbe univers impitoyable

On décide donc de se montrer plus prudent, en suivant les chemins plus balisés. Sauf que le jour laisse rapidement place à la nuit, et les choses se gâtent alors. Rarement dans un jeu ce cycle n’a été aussi brillamment exploité. Sans notre lanterne, qu’il faut alimenter régulièrement en poix, l’obscurité nous étouffe, nous n’y voyons pas à plus de deux mètres. L’exploration déjà dangereuse se complique alors nettement, tandis que les redoutables créatures qui rôdent gagnent en puissance. On prie alors pour trouver au plus vite un village, ou de quoi camper pour passer la nuit, en cuisinant au passage un bon steak récupéré sur un loup abattu plus tôt (la cinématique de cuisine du steak met littéralement l’eau à la bouche… à condition de ne pas être végétarien, naturellement). 

Dragon's Dogma 2 Steak
Et bon appétit bien sûr (et pardon aux végétariens) ! © Geralt de Reeves

Car oui, le monde ouvert de Dragon’s Dogma 2 nous écrase littéralement (dans le sens très positif du terme) par son gigantisme. Nos pérégrinations peuvent parfois durer plusieurs jours en jeu. L’absence totale de monture et des points de voyage rapide particulièrement rares se font parfois douloureusement sentir. C’est finalement le seul point qui nous chafouine s’agissant de ce terrain de jeu immense et incroyablement cohérent dans sa structure et une grande diversité des décors. Et c’est sans parler de la direction artistique, qui se montre à la fois fort joliment ancrée dans le réalisme, mais avec une petite touche de fantastique qui nous met des petites étoiles dans les yeux. Le titre se fend en effet souvent de panoramas bluffants de majesté et nous invite alors à faire une halte contemplative (et aussi profiter d'un indispensable mode photo évidemment au rendez-vous). Une fois encore, le moteur maison de Capcom RE Engine impressionne, notamment avec de fort chatoyants effets de lumière. On ne peut cependant pas dire la même chose de la partie technique et de l’optimisation.

Dragon's Dogma 2 Panorama
Comme un air de Roi Lion avec ce genre de panoramas majestueusement gigantesques. © Geralt de Reeves

Sur notre PC équipé d’une RTX 3070 Ti, d’un processeur Ryzen 5 5600X, de 32 Go de RAM et d’un véloce SSD, le framerate descendait parfois bien en-dessous des 60 fps en 1440p dans certaines zones, et ce peu importe les réglages. Sur PS5/Xbox Series, le résultat n’est guère plus reluisant, avec cette fois une expérience globale qui vise les 30 fps, ou plus, mais qui s’avère parfois assez instable, sans pour autant être injouable. L’absence de modes Performance et Fidélité sur consoles se fait ainsi clairement sentir. C’est bien dommage si vous ne jurez que par la fluidité. Espérons que des patchs viendront rapidement apporter un peu de stabilité à ce tableau malgré tout bien agréable à regarder. Ce en dépit de textures d’une qualité parfois inégale. On saluera en revanche une absence totale de temps de chargement, rendant l’expérience agréablement immersive.

Débrouille’s Dogma

Vous l’aurez compris lorsque nous vous avons narré nos premiers pas : n’attendez pas de Dragon’s Dogma 2 qu’il joue à votre place. Comme une fois encore des illustres noms comme Skyrim ou Elden Ring, le titre met un point d’honneur à nous laisser libre d’agir en toutes choses. Il ne nous prendra que très rarement par la main, et ce jusque dans la résolution de certaines quêtes. C’est à nous qu’il appartient de bien écouter nos interlocuteurs, de tracer notre itinéraire sur la carte et trouver les points de repère pour avancer vers nos divers objectifs. Si on ne fait pas attention, il n’est également pas rare de complètement échouer une quête ou passer totalement à côté. 

Alors que les jeux nous habituent de plus en plus à ne pas connaître l’échec, cet aspect du titre de Capcom nous a fait un bien fou… et nous a même parfois estomaqué suite à la résolution inattendue de certains événements. Vous verrez sans doute de quoi on parle quand ça vous arrivera. Ainsi, Dragon’s Dogma 2 revêt un potentiel de rejouabilité évident, si l’on souhaite terminer absolument toutes les quêtes et explorer l’intégralité du monde ouvert (bonne chance !). De notre côté, un New Game+ est déjà lancé !

Il nous incombe aussi la tâche d’apprendre quelles ressources emporter dans nos excursions. Le jeu regorge en effet d’objets, matériaux de craft et ingrédients à ramasser pour fabriquer une multitude de potions, onguents, flèches et autres. Sauf que notre capacité d’inventaire est assez limitée, nous demandant régulièrement de faire un tri qui aurait pu être évité. Nous ne sommes pas aidés non plus par une interface qui n’a guère évolué depuis le premier volet. Son ergonomie est assez lourde (surtout à la manette) et nous avons passé un peu trop de temps à nous creuser la tête pour gérer notre paquetage. Même constat lorsque l’on jongle entre la carte et le journal de quêtes, pour quelques piqûres de rappel souvent nécessaires.

Dragon's Dogma 2 Interface
L'interface de Dragon's Dogma 2 n'est pas la plus ergonomique qu'on ait vu... © Geralt de Reeves

Une telle situation est cependant surtout gênante dans les premières heures de jeu. Avec le temps et l’expérience, notre capacité d’inventaire grandit, à l’instar de nos connaissances. De voyageur totalement perdu, nous devenons au fil du temps un explorateur aguerri, qui sait ce qu’il fait et où il va. En ce sens, Dragon’s Dogma 2 signe encore l’une de ses plus éclatantes réussites. Le jeu nous récompense de manière extrêmement satisfaisante une fois qu’on a pris le temps d’apprendre et d’apprivoiser ses nombreuses mécaniques. À noter que, au lancement du jeu le 22 mars, des microtransactions ont été ajoutées visant à simplifier les choses ou proposer des fonctionnalités autrement inaccessibles. Celles-ci n'étaient pas disponibles dans l'exercice de notre test.

Un gameplay d’une classe épique

En parlant de mécaniques, il serait de bon ton pour nous de nous pencher sur un autre aspect dans lequel le titre de Capcom excelle : son gameplay. Tout d’abord, les animations de notre personnage sont superbement chorégraphiées. Celui-ci répond au doigt et à l’œil à nos instructions. On recommande tout de même de privilégier la manette pour une meilleure ergonomie des touches. La précision du gameplay est déjà flagrante dans l’exploration, mais elle l’est encore plus dans les combats.

Et les combats, parlons-en justement. Le constat est simple : rarement avons-nous pris autant notre pied dans un Action-RPG en monde ouvert que dans Dragon’s Dogma 2. Même affronter du menu fretin comme des gobelins est diablement jouissif, tant les coups ont de l’impact. En sus, on ne peut que saluer le moteur physique du jeu, d’une efficacité qu’on a rarement vu ailleurs. Par le biais d’une seule touche, nous pouvons notamment saisir un cadavre adverse pour l’envoyer sans vergogne dans le visage de ses camarades. De même, nous pouvons les plaquer au sol pour leur asséner un violent coup terriblement satisfaisant. Au-delà des combats, l’exploitation de ce moteur physique très habilement intégré peut s’avérer particulièrement utile dans bien d’autres aspects. Nous pouvons par exemple attraper les pattes d’une harpie pour atteindre des endroits en hauteur autrement inaccessibles. Nous pouvons aussi pousser un géant pour remplacer momentanément un pont brisé, parmi tant d’autres situations bien cocasses.

Dragon's Dogma 2 Pont
Merci monsieur le Cyclope pour votre aide ! © Geralt de Reeves

Pour rester sur les géants, abordons l’absolu pinacle des combats de Dragon’s Dogma 2. À l’exception de l’excellente franchise Monster Hunter, également chez Capcom, nous avons rarement vécu dans le sens littéral du terme des batailles de boss aussi épiques. Ces gigantesques créatures peuvent nous abattre en quelques coups, mais aussi grignoter notre maximum de points de vie, rendant l’affrontement graduellement plus intense. Nous devons alors faire preuve d’ingéniosité. Frapper les jambes ne semble pas avoir l’effet escompté. Et si nous tentions de grimper sur leur dos, à l’instar de l’éclatant Shadow of the Colossus, pour atteindre des points faibles comme leur tête ? Nos coups pleuvent alors que le monstre se débat. Puis une attaque bien placée dans l’œil le déstabilise et il s’effondre au sol. C’est notre moment de triomphe, il faut frapper fort pour lui infliger des dégâts considérables. Lors de cette lutte parfaitement dantesque, une bande-son qui nous accompagnait merveilleusement bien dans la partie exploration du jeu nous transporte vers des envolées absolument épiques. Prenons par exemple ce morceau iconique du premier opus, repris presque à l’identique tellement il nous emporte dans son souffle héroïque. Écoutez plutôt ! 

Vous l’aurez compris, il y a peu de choses comparables à Dragon’s Dogma 2 s’agissant d’affronter ses plus terribles et exaltants boss. Nous avons cela dit quelques menus reproches vis-à-vis des combats. Notamment lorsque l’on grimpe sur un monstre et que notre personnage se perd un peu dans la direction à prendre, consommant inutilement notre précieuse barre d’endurance. De même, la caméra peut se montrer capricieuse, principalement sur les plans très resserrés. Enfin, le bestiaire s’avère un brin chiche, la plupart des adversaires (mais aux animations et patterns extrêmement soignés) étant repris du premier volet. Mais c’est là bien tout et ça n’entachera certainement pas une expérience absolument jouissive de bout en bout.

Dragon's Dogma 2 Boss Fight
Les combats de boss sont aussi intenses qu'épiques (à regarder en écoutant la musique ci-dessus) ! © Geralt de Reeves

D’autant que la courbe de difficulté du jeu est à notre sens un bijou d’équilibrage. Alors que nous montons en expérience, nous gagnons en statistiques, mais aussi des points permettant d’acquérir de nouvelles compétences de classe aussi variées que satisfaisantes à utiliser. Il existe dix classes en tout, chacune avec un gameplay proprement unique. Il est d’ailleurs possible à tout moment de changer de spécialité afin d’acquérir notamment des talents que nous pourrons mélanger pour optimiser notre build. Ceci couplé à un système d’équipement particulièrement fouillé, nous forçant à changer et améliorer constamment nos pièces d’armure, nous offre un très plaisant sentiment de progression. Et cela ne sera pas de trop pour affronter des adversaires toujours plus puissants. Forts de notre expérience au fil du temps, nous finirons toutefois par les dominer de manière exaltante vers la fin du jeu.

Les Pions, l’ultime pièce maîtresse de Dragon’s Dogma 2

Une grande aventure ne serait cependant rien sans de fidèles compagnons. Aussi puissant que soit notre personnage, son périple aurait été de courte durée sans cette mécanique unique à Dragon’s Dogma 2, et ô combien intéressante : les Pions. Dans le lore du jeu, il s’agit d’êtres « sans âme » que seul l’Insurgé que nous sommes peut commander. Paradoxalement, ceux-ci affichent plus de personnalité que bien des PNJ plus « vivants » que nous croisons durant nos voyages. Assez rapidement au début du jeu, nous rencontrerons notre Pion principal. Nous pourrons alors le créer de toute pièce, comme notre avatar. De son apparence à sa classe en passant par sa personnalité qui influencera sa manière de se comporter dans le monde, cette étape est cruciale. Dans notre cas, nous avons créé Selina, une léonine Magicienne (la seule classe dotée de capacités de soins), au caractère bienveillant. Ceci allait parfaitement de paire avec notre classe Voleur agressive, mais sans possibilité de se soigner via des compétences. Comme pour notre personnage, nous pouvons bien évidemment changer la classe et l’équipement de notre Pion à tout moment. C’est d’ailleurs ce que nous avons fait pour elle en la faisant plus tard passer Sorcière, centrée sur de puissants sorts offensifs.

Dragon's Dogma 2 Sélina
Nous vous présentons Sélina, notre Pion aussi adorable qu'inestimable. © Geralt de Reeves

À l’instar du génial système de messages de la franchise Dark Souls, le tout aussi brillant système de Pions de Dragon’s Dogma 2 offre une sorte de jeu en coopération par monde interposé. En passant par des pierres de failles disséminées un peu partout, nous pouvons recruter jusqu’à deux Pions supplémentaires créés par d’autres joueurs. Ce afin notamment de compléter notre équipe par un tank ou autre. En compagnie de leurs maîtres, ceux-ci n’ont probablement pas vu les mêmes choses que nous. Forts de ces connaissances qui nous manquent, ils peuvent donc nous aiguiller dans des quêtes qu’ils ont déjà vu, ou nous indiquer l’emplacement d’un trésor et autre passage secret. À l’inverse, notre propre Pion peut être recruté par d’autres joueurs et revenir grandi de ses expériences.

On peut toujours compter sur les Pions pour nous soutenir en toutes choses, et c'est génial ! © Geralt de Reeves

Outre ce concept impressionnant d’ingéniosité, les Pions disposent d’une intelligence artificielle d’une qualité rarement vue. Durant l’exploration, ils peuvent par exemple utiliser une compétence propre à leur classe pour nous permettre d’atteindre des endroits autrement inaccessibles. Si nous tombons, ils peuvent nous rattraper pour nous épargner une chute mortelle. En combat, ils peuvent saisir un adversaire pour nous aider à l’achever, ou prendre en tenaille un boss pour attirer son attention et nous permettre de porter le coup fatal. Tout cela pour dire que ces Pions sont, sans mauvais jeu de mot, l’une des pièces maîtresses qui font de Dragon’s Dogma 2 un jeu proprement unique dans le prolifique paysage des RPG. Nous avons légitimement pris grand plaisir à voyager en leur compagnie, même si ces pipelettes ont rapidement tendance à toujours répéter les mêmes phrases. Mais au moins, nous n’avons jamais été seuls pour affronter les périls de ce vaste monde ouvert aussi dangereux que fascinant à explorer. Ils nous sont restés fidèles jusqu’à un final en apothéose, le point d’orgue d’une aventure épique de bout en bout qui nous aura marqué jusqu’à notre cœur qu’un dragon dogmatique nous a volé.